Par le Père Marc Leroi
Lors de la Vigile Pascale, célébration centrale de l’année liturgique, nous avons entendu cette prophétie d’Isaïe : « Jérusalem, voici que je vais poser tes fondations sur des saphirs. Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et toute ton enceinte avec des pierres précieuses. » (Is 54, 11-12) L’Apocalypse, en deuxième lecture ce dimanche, nous apprend que la splendeur de la Jérusalem céleste nous est offerte : « La Ville sainte, Jérusalem, descendait du ciel, d’auprès de Dieu : elle avait en elle la gloire de Dieu ; son éclat était celui d’une pierre très précieuse. » (Ap 21, 10-11)
La gloire et la majesté de Dieu viennent à nous. « L’Église sur terre est le signe de la Jérusalem céleste. » (Catéchisme de l’Église catholique, n. 117). Ici-bas, les yeux de notre corps n’ont pas accès aux splendeurs éternelles. Mais nous percevons les effets de la grandeur de Dieu et de sa bonté en acte lorsque nous saisissons le sens surnaturel de ce qui nous advient. Telle révélation, telle effusion d’Esprit Saint, telle rencontre où domine la charité, telle épreuve surmontée dans l’espérance : voilà où se distingue l’œuvre de Dieu aujourd’hui en nous. Voilà où brillent déjà dans l’Église les rubis et les saphirs de la Jérusalem céleste.
Si nous restons à la surface apparente des choses, l’écorce des faits nous cache leurs sens profond. Nous limitons le réel à notre existence prosaïque, dont la foi ne constitue au mieux qu’une partie ou un “ plus ”. Si au contraire nous adoptons et entretenons un regard surnaturel, la foi se révèle comme le fondement, le substrat, le tout de notre vie. Nous évoluons en elle comme dans le milieu nourricier qui porte, éclaire et rend cohérent tout ce que nous vivons. En elle, nous commençons à percevoir, de façon encore limitée mais réelle, les joyaux du Royaume de Dieu.
Les 24 et 25 mai, nous vivrons et interpréterons dans la foi la kermesse du plateau à Notre-Dame de la Compassion. Prions pour son rayonnement missionnaire (même indirect…) C’est sans doute sa vocation principale. D’autant que le mot kermesse, qui vient du flamand, a une étymologie religieuse : il signifie messe d’église.
Le dimanche de Pâques, saint Paul nous stimulait ainsi : « Pensez aux choses d’en-haut, non à celles de la terre. » (Col. 3, 2) Comme notre vie est toute orientée vers les réalités divines, ce sont-elles que notre regard cherche, c’est à elles qu’aspire notre cœur. Loin des injonctions de l’évènementiel et centrés sur le temps liturgique qui donne sens au calendrier, nous n’avons qu’un désir : voir Dieu ! Jésus dit à Philippe : « Qui m’a vu a vu aussi le Père. » (Jn 14, 9) En ces jours qui précèdent l’Ascension, fixons notre regard sur le Seigneur Jésus. Par l’humilité de son Incarnation, par son don d’amour en sa Passion, par son triomphe et sa Résurrection, l’Homme-Dieu prend l’humanité déchue par la main et l’entraîne auprès du Père.