Oser prendre la parole
Par le Père Antoine Vairon
Vous l’avez maintenant bien compris, depuis que nous annonçons la visite de notre évêque, nous précisons qu’il désire venir nous écouter. Certes, la parole de Mgr Rougé viendra stimuler notre Foi, en particulier dans sa prédication lors des célébrations et dans ce WE où nous aurons la grâce de célébrer le « Christ, Roi de l’univers », solennité lumineuse qui conclut l’année liturgique en l’ouvrant résolument sur l’avenir.
Mais nous, que saurons-nous lui dire ?
Il vient entendre les catholiques que nous sommes sur deux sujets principalement : que vivons-nous ici et que voulons-nous faire ?
Les réalités les plus proches de nous, les plus insérées dans nos vies sont si intimes qu’il nous semble difficile de les exprimer justement. C’est vrai des personnes qui nous sont les plus familières, mais c’est vrai aussi dans l’ordre de la Foi. Mettre des mots sur ce que représente l’Eglise dans nos vies n’est pas toujours si aisé. Nous pourrions même nous laisser prendre par les turbulences, les critiques et les troubles actuels et ne plus bien voir, savoir et nommer la part belle. Jacques Maritain, qui allait devenir une grande figure parmi les intellectuels catholiques du XXème siècle au point de les représenter pour recevoir des mains du pape Paul VI les actes du Concile Vatican II à la conclusion de celui-ci, disait peu après sa conversion à la Foi catholique : « si la vérité se trouve dans un tas de fumier, c’est là que j’irai la chercher ». En parlant de tas de fumier, il pensait aux turpitudes vécues au sein de l’Eglise de son temps. Nous aussi, savons-nous, sans oublier toute lucidité, nommer la part belle de notre vie ecclésiale, ce que nous recevons de nos frères et sœurs dans la Foi, ce que nous recevons de nos prêtres, de nos diacres, du témoignage des consacrées vivant proches de nous. Savons-nous nommer les grâces reçues et tant de moments partagés ?
Et que voulons-nous faire ?
La mission d’évangélisation est confiée à chaque baptisé, elle appartient au dynamisme même de la grâce baptismale. Nous aurons à raconter à Mgr Rougé ce qui nous tient à cœur, ce qui nous anime, ce qui sollicite, ce qui apparaît comme appels de l’Esprit dans nos vies. Et cela aussi bien à titre personnel que pour les groupes de chrétiens et les communautés paroissiales que nous formons. Les deux soirées de réflexion des 12 et 14 novembre seront un bon moyen de nous préparer à cela.
La responsabilité du baptisé est aussi de savoir prendre la parole, chacun avec son tempérament et ses qualités quand il s’agit de « rendre compte de l’Espérance qui est en nous ».